Meditect : Une start-up (presque !) monégasque, grande gagnante de la BFM Académie 2020 !
Romain Renard et Arnaud Pourredon, ont co-fondé et co-développent Méditect, une solution de traçabilité des médicaments pour lutter contre leur contrefaçon dans le monde. À l’occasion de leur victoire de la 15ème édition de la BFM Académie, nous revenons sur le parcours de cette start-up aux origines régionales, qui pourrait bien révolutionner l’industrie pharmaceutique.
Des liens enracinés avec la Principauté
Ayant fait ses études en Principauté du CP jusqu’au bac à l’Institution François d’Assise – Nicolas Barré, Romain Renard, co-fondateur de Meditect, a gardé des liens très étroits avec Monaco. Très investi, à l’époque, dans la vie associative monégasque (Yacht Club, 4L Trophy, équipe de voiles), Meditect a donc une partie d’elle en Principauté. De plus, Romain Renard a su conserver des liens business avec sa région natale, n’oublions pas que certains des early Business Angels de la start-up proviennent de Monaco ! Fier de voir des fleurons de la région éclore, nous félicitons chaleureusement Meditect pour son parcours depuis sa création !
Le terrain, une prise de conscience
À la suite du séisme de 2015 au Népal, Arnaud Pourredon, alors étudiant en double cursus médecine et pharmacie, décide de partir, avec l’UNICEF, en mission humanitaire pour y apporter son aide. C’est pendant cette mission de distribution de médicaments, que lors d’un inventaire, le jeune étudiant en médecine se rend compte qu’ils distribuent en fait… des médicaments contrefaits !
Une année plus tard, une autre mission humanitaire en Afrique subsaharienne confirmera ses craintes : les faux médicaments sont un fléau global, aucune solution ne semble être adaptée pour le moment. Fort de ces expériences humanitaires, Arnaud Pourredon revient en France, convaincu qu’il est grand temps d’agir.
Une amitié forte, une idée novatrice
En 2017, Arnaud contacte un ami d’enfance : Romain Renard. Ce dernier, qui a grandi à Beaulieu-Sur-Mer et qui a fait sa petite scolarité à Monaco, est diplômé du Master Finance Strategy de Sciences-Po Paris. Tous deux animés par la cause de la santé mondiale, ils réfléchissent à la création d’une nouvelle solution, pour lutter contre la falsification des médicaments dans le monde.
Après une étude de faisabilité en Afrique Subsaharienne concluante, le projet se lance. Dès le début, la volonté des co-fondateurs est de développer « une solution scalable, simple, rapide, efficace et moins coûteuse », exprimait Arnaud Pourredon, lors de son TEDxAbidjan de janvier dernier. Pour aller plus vite et plus fort, les deux associés passeront donc par la technologie, à travers une application pensée comme solution.
Un service d’utilité publique
C’est donc à Bordeaux, en 2018 que le projet Meditect voit le jour, et l’ambition est gigantesque. Le but : l’éradication de la contrefaçon des médicaments dans le monde. Selon Arnaud Pourredon, il y aurait plus d’« un million de morts par an, à cause de médicaments contrefaits ». Un enjeu de santé publique internationale, particulièrement important en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine.
L’application est gratuite pour les pharmaciens et les patients, ce sont les laboratoires qui financent le service. Dans un premier temps, l’application géolocalise le patient et lui indique la pharmacie certifiée la plus proche. Une fois le produit choisi, le patient, via son smartphone, peut scanner le QR code sur la boîte du médicament qui lui indique l’authenticité de ce dernier.
Niveau tech, l’utilisation de la technologie blockchain pour assurer la traçabilité des médicaments est une innovation majeure. De plus, le projet étant né d’un constat de terrain, la start-up déploie une équipe réactive, à l’écoute des besoins des patients et des pharmaciens.
Décollage immédiat !
Dès son lancement en 2018, c’est un véritable engouement qui se crée autour de la start-up bordelaise. Sanofi, PwC, l’e-health World Monaco ou encore le célèbre M.I.T la récompenseront à travers de prestigieux prix cette année-là. En 2019, Arnaud Pourredon figurera même dans l’incontournable classement Forbes des « 30 under 30 », dans la catégorie « Science & Healthcare ». La même année, Meditect remportera le « Blockchain Innovation Challenge » de la prestigieuse Columbia University. En 2019, après de nombreuses participations lors de salons internationaux, Meditect recevra le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine et de BPI France pour accélérer ses travaux de recherche, très présents aux côtés des deux créateurs depuis le début du projet.
Après un premier tour en early stage auprès de Business Angels, de la BPI Nouvelle-Aquitaine et de la Région Nouvelle-Aquitaine en 2019, la start-up bordelaise clôture sa première levée de fonds institutionnelle en mai 2020. C’est donc 1,5 million d’euros qui ont été récoltés, auprès de LBO France au travers de son fonds Digital Health 2. (Sources : Meditect)
Un déploiement efficace
Aujourd’hui Meditect, c’est 20 collaborateurs présents entre la France (Bordeaux et Paris) et la Côte d’Ivoire (Abidjan), où travaille à temps plein Arnaud Pourredon. En quelques chiffres, Meditect compte plus de 1000 pharmacies partenaires, 3 millions de médicaments sécurisés, ainsi qu’une distribution optimisée dans 50% de pharmacies de Côte d’Ivoire. Avec 200 milliards de dollars de pertes sèches pour l’industrie pharmaceutique, tout reste encore à faire dans cette bataille pour la santé. Grace à leur victoire de la BFM Académie, ce concours de start-ups au niveau national, Meditect gagne 150 000 euros d’espace publicitaire sur la chaîne, et surtout un sacré coup de boost pour leur notoriété !
La start-up continue son développement rapide, même si Romain Renard aime garder les pieds sur terre. Il assurait encore, mardi 13 octobre dernier, sur le plateau de BFM Business, qu’ils fallait prendre « chaque chose en son temps, on est déjà très contents de ce qu’on a accompli, en très peu de temps en Côte d’Ivoire ». Après cette première réussite en Côte d’Ivoire, le business modèle semble avoir fait ses preuves pour la suite du développement.
Et même si la start-up n’a pour l’instant qu’un gros client (le laboratoire pharmaceutique UPSA), l’ambition reste intacte : l’éradication de la contrefaçon des médicaments dans le monde. La rapidité d’exécution et le développement de l’entreprise sont donc au cœur des problématiques du projet ; tant la tâche est immense.
Avec une projection d’élargissement au Sénégal et au Cameroun début 2021, Meditect accentue sa stratégie de développement en Afrique subsaharienne. La lutte ne pourra pas être menée seul, ce sont aussi des actes forts de la part des décideurs politiques qui sont attendus. L’aventure continue, et c’est Meditect, jeune fleuron de la French Tech, qui semble être le meilleur ambassadeur du combat pour la protection de la santé dans le monde.
Par Pimort Mathieu
Photos:
« Meditect BFM Academy win », source : BFM
« Meditect Logo » , source : Meditect
« Médicaments », source AFD